“Le don prophétique n’est donc rien d’autre qu’un sens aigu du réel. L’avenir est une partie de la courbe dont les autres parties – passé et présent – sont données. Certaine forme de prophétie s’impose à nous tous, que nous soyons des paysans semant le grain, ou des hommes d’État introduisant des lois nouvelles, et le principal obstacle à la prophétie n’est pas la difficulté de percer la brume qui est censée voiler l’avenir, mais la difficulté de percer la brume qui voile le passé et surtout le présent.”
Au début du XXe siècle, sous l’égide de l’Organisation sioniste mondiale, les fondements­­­­­ de l’État d’Israël tel que nous le connaissons aujourd’hui sont posés. Coup de tonnerre : en 1905, Israël Zangwill quitte l’organisation alors qu’il en est un membre historique. Partisan de la création d’un État juif, Zangwill n’en est pas moins sceptique quant à l’idée de localiser celui-ci en Palestine.
Dans cet ouvrage majeur, Zangwill résume ses positions, notamment sur l’identité juive, et adopte un point de vue résolument original sur le sionisme, qu’il envisage dans une perspective révo­lutionnaire. Cet ouvrage éclaire également l’ordre planétaire des années 1920. Critique envers le Traité de Versailles et le projet impérialiste des puissances européennes­­­­­, Zangwill apparaît­­­­­ comme un brillant commentateur politique, alerte sur les risques de guerre, et surtout soucieux de maintenir la paix. L’idéal pacifiste et humaniste de Zangwill éclaire néces­sairement d’une lueur particulière l’histoire du projet sioniste.
Traduit de l'anglais par Andrée Jouve.